Accès à la vaccination COVID 19 des personnes précaires

L’actu du trimestre- Extrait de l’Actu de France Assos Santé Ile-de-France N°2 – Avril/Juin 2021

Alors que la campagne de vaccination contre la COVID 19 connait une accélération depuis ces dernières semaines, l’ONG Médecins Sans Frontières alerte sur la nécessité d’adapter la stratégie vaccinale aux besoins spécifiques des populations migrantes.

Entretien réalisé le 08/04/2021 avec Corinne TORRE, Responsable de la mission France de Médecins sans Frontière.

Un cumul de vulnérabilité

Les migrants font sans doute partie des publics qui accumulent de nombreuses vulnérabilités face à la crise sanitaire. Celles-ci sont particulièrement liées à leur condition de vie et d’accueil. Une enquête de séroprévalence menée par MSF auprès de personnes précaires en Ile-de-France révèle une sur-contamination dans des lieux de regroupement de personnes en grande précarité en Ile-de-France.

Le taux de contamination a été de 89% en moyenne dans les deux foyers de travailleurs migrants interrogés et de 50 % parmi les 10 centres d’hébergements d’urgence : « Ce sont des personnes à risque au vu de leur condition de vie. Elles sont à la rue ou hébergées, mais dans des lieux de vie inadaptés, qui sont devenus de véritables clusters lors de la première vague et malgré les recommandations de l’étude, n’ont guère fait évoluer les dispositifs de mise à l’abri depuis cette période » explique Corinne TORRE, Responsable de la mission France de MSF.

Des publics prioritaires dans la stratégie vaccinale

Actuellement, seules les personnes âgées de 60 ans et plus, résidant en foyers de travailleurs migrants peuvent se faire vacciner auprès des centres de vaccination ou, à titre subsidiaire, auprès d’équipes mobiles intervenant dans ces lieux d’accueil.

Aujourd’hui, l’enjeu actuel réside dans la difficulté de toucher les personnes à la rue non hébergées : « Le déploiement d’équipe mobile auprès des publics à la rue impliquerait de retrouver les personnes en errance pour l’injection des deuxièmes doses des vaccins, ce qui semble assez difficile. La seule solution c’est soit de les héberger de manière inconditionnelle comme le prévoit la trêve hivernale et encore plus, en période de crise sanitaire, pour pouvoir assurer la première et la deuxième dose soit, mettre à disposition de ces publics le vaccin JANSSEN de Johnson&Johnson qui nécessite une seule dose » déclare Corinne TORRE.

Des besoins spécifiques

La stratégie vaccinale nécessite de réaliser un travail de sensibilisation important afin de rassurer ces publics qui restent encore, pour beaucoup, méfiant face à l’idée de se faire vacciner : « On ne rentre pas dans les foyers de travailleurs migrants comme ça, il faut faire beaucoup de sensibilisation. D’ailleurs, des documents adaptés et des flyers ont été réalisé en plusieurs langues justement pour pouvoir expliquer les enjeux de la vaccination auprès de ce public » affirme Corinne TORRE.

Des conditions d’accueil à améliorer 

Malgré l’évolution des moyens mis à disposition auprès de cette population depuis le début de la crise (tests, masques…), l’amélioration de leurs conditions d’accueil reste fondamental pour réduire les contaminations :   « Aujourd’hui, certains lieux d’hébergement d’urgence sont des gymnases. Ces lieux représentent de véritables clusters et ne sont pas adaptés. Il s’agit d’une prise de risque pour des personnes qui ont déjà subi des traumatismes et qui peut être, ont d’autres pathologies médicales et des difficultés d’accéder directement aux soins » déclare Corinne TORRE.

Le ministère de la Santé, l’Agence régionale de Santé ainsi que Médecins sans Frontières travaillent conjointement avec l’appui d’autre acteurs, sur les moyens les plus pertinents à mobiliser pour un accès à la vaccination des personnes migrantes résidant dans les centres d’hébergement d’urgence ou à la rue.

 

 

 

 

Contact : 01 43 29 92 38

Fouraha SAID-SOILIHI – Chargée de mission, communication –   fsaid-soilihi@france-assos-sante.org

 

 

 

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